Comment faire d’un chemin d’exil une marche de « retrouvement », de retournement sans retour ?
Si, ainsi qu’aimait le rappeler Claudel, « Dieu écrit droit avec nos lignes courbes », l’écriture pourrait bien alors se révéler être le vecteur de ce ré-embrassement à la fois charnel et spirituel, demeurer étranger à son pays, à son passé et pourtant présent à tout et à tous.
Il aura fallu plus de quarante années de maturation pour que l’artiste Mircea Milcovitch publie son « journal d ’exil ». Un journal qui n’est pas le fait d’un scrutateur de soi, d’un « indiscret observateur » de soi-même mais une toile écrite comme est tissée celle de l’araignée. Les gouttes de rosées qui ici s’irisent à la lumière du soleil de la mémoire sont des souvenirs. Ecrits, ils sont pris dans la toile fine, subtile, prisonniers ils étaient destinés à l’oubli…
Il faut écrire la pensée pour la dérouler. (p. 225