Russian Orthodox Diskos (Private Colection)
Commentaires sur un “DISKOS” Orthodoxe
par Mircea MILCOVITCH
Il fut un temps où j’étais très proche de la symbolique alchimique, et par extension de celle chrétienne, que j’ai longtemps étudiée. Jésus parlait en paraboles, utilisait donc des symboles ; les premiers chrétiens les utilisaient aussi pour communiquer en se cachant : cependant, la symbolique chrétienne n’a pas l’importance des autres, puisque le christianisme n’est pas une religion ésotérique, mais bien au contraire, exotérique. Il n’y pas d’initiation secrète réservée à une caste. Sur votre diskos j’ai observé des choses que vous avez sans doute devinées sans difficulté et en dirais quelques mots sans trop m’étaler.
Il y a d’abord la séparation des trois enceintes, *[i] l’enceinte centrale représentant une église, symbole de la Jérusalem Céleste. Le mot « Ierusalim » en slavon y est d’ailleurs ajouté, et ce n’est peut-être pas uniquement pour indiquer que le diskos appartenait à une église se trouvant géographiquement à Jérusalem. Puis, l’enceinte qui l’entoure, pourrait être considérée l’Église terrestre où poussent les arbres de la sainteté, et où se trouve aussi l’emblème du pouvoir royal terrestre (l’aigle bicéphale). Un anneau les sépare, et sur cet anneau il y a des oiseaux, oies ou cygnes. Le tout est entouré par un dernier anneau, des eaux peuplées de poissons. Les poissons sont contenus dans un genre de branches, de palmes, ou des motifs servant à représenter l’eau courante. C’est bien possible, car ce sont les flots de l’eau de vie.
The Holy Sepulchre Cathedral Church of Jerusalem Restored 1809 after the Great Fire
Repartons du milieu, de la première enceinte : on y voit donc la Jérusalem céleste qui est ici une église, celle qui doit avoir douze pierres de fondation avec les noms des douze apôtres, douze tours et un plan carré. Il se peut que ce chiffre douze se trouve dans les franges du rideau au-dessus du tabernacle. Il faut aussi reconnaître qu’à ces époques, les graveurs étaient pris surtout par l’ornement et la décoration en soi, au détriment des détails strictement symboliques. Nous ne sommes pas dans le monde des allégories alchimiques ni dans celui des figures mnémoniques de la Renaissance occidentale ! Cependant, on reconnaît à droite, sur l’église, le drapeau, ou plutôt l’oriflamme que tient habituellement l’agneau pascal, symbole du Christ et de son sacrifice. Bien qu’elle figure aussi sur les coupoles, comme signe de la puissance de Dieu, la Croix en tant qu’instrument de sa passion est placée devant, sur l’enclos séparant le Royaume céleste de celui terrestre. Elle est là comme le signe du passage, l’intermédiaire pour le salut de nos âmes. L’église centrale serait donc le jardin spirituel de Dieu, planté sur le Christ, comme l’était le jardin d’Éden planté en Orient.
The Russian Czar's Double-Headed Eagle
Ce « jardin » est entouré d’une seconde enceinte où se trouvent les arbres de sainteté, les arbres de vie que sont les saints. Cela rejoint le sens que l’on donne à l’Église, elle-même une plantation de Dieu. Sur ce même anneau il y a l’aigle bicéphale, comme je l’ai dit, symbole de royauté terrestre. Il peut être l’aigle impérial (il faut savoir que celui à deux têtes est apparu après 1401), mais l’aigle en soi est d’abord le symbole biblique de Dieu, de la force de la foi, d’éveil spirituel, car il regarde le soleil en face lorsqu’il s’envole. Les altitudes où il vole ont fait de lui le symbole de l’Évangéliste Jean.
Une construction comme une église, avec des luminaires dans les absides latérales, mais en apparence vide au centre. Il se peut que ce soit la représentation de l’Etimasie, scène figurée dans l’Église orthodoxe souvent au-dessus de l’autel. C’est le motif symbolique de la préparation du trône pour le retour du Christ.
Pour finir avec la seconde enceinte, on y trouve aussi une construction ressemblante à une église, avec des luminaires dans les absides latérales, mais en apparence vide au centre. Il se peut que ce soit là une représentation de l’Etimasie, scène figurée dans l’Église orthodoxe souvent au-dessus de l’autel. Elle est le motif symbolique de la préparation du trône pour le retour du Christ. Sous la croix se trouve habituellement un trône vide, comme en attente. Sur les étimasies, ce trône est entouré par l’agneau, la colombe, le livre ou le rouleau de la vie, les instruments de la Passion, la couronne, le manteau de pourpre, etc.*[ii] Quant aux arbres de cette seconde enceinte, ils ont l’apparence des flammes, et pourraient ressembler aussi à des épis (le pain est rattaché à l’épi) ou aux cyprès. Au Proche-Orient le cyprès est un arbre sacré, car il est vivace et sa longévité signifie longue vie, immortalité. Il y a aussi des coupes dans lesquelles poussent des efflorescences dirigées, comme les arbres-flammes, vers le centre (le Ciel). Seraient-elles les symboles du buisson-ardent de Moïse, dans lequel l’iconographie se plaît parfois à placer la Vierge à l’enfant Jésus ? En tout cas, ces fleurs qui portent trois pétales pourraient être l’équivalent des lys, symboles de la Trinité ou de la Vierge Marie. Fleur biblique, le lys des champs est d’abord signe de confiance et abandon à Dieu.
les poissons séparés par des éléments décoratifs qui pourraient être des flammes. S’il en est ainsi, la symbolique est évidente : Il est question de l’eau vive, au sens spirituel l’eau baptismale, au sens biblique Dieu comme source de vie. Au sens chrétien, symbole de l’Esprit Saint
Voyons enfin la troisième enceinte. C’est une bande plus étroite occupée par des poissons, et les poissons séparés par des éléments décoratifs comme un genre de flammes. S’il en est ainsi, la symbolique parait évidente : il est question de l’eau vive, au sens spirituel l’eau baptismale, au sens biblique Dieu comme source de vie. Au sens chrétien, symbole de l’Esprit Saint. Une petite explication s’impose : planant à la surface des eaux dans le second verset de la Genèse, avant que la terre soit (le Tohu-va-Vohu hébraïque étant intraduisible) *[iii], descendant en langues de feu sur les Apôtres lors de la Pentecôte, l’Esprit de Dieu opère à partir des eaux du baptême. Il donne potentiellement la « vie » c’est-à-dire le salut par la victoire sur le péché au baptisé, c’est pourquoi, comme le poisson, le baptisé trouve dans cette eau son milieu vital. Né de l’eau du baptême, le chrétien est comparable à un petit poisson, comme le Christ lui-même. (cf. Tertullien, Traité du Baptême, I)
Nous avons vu que chaque poisson du diskos est placé dans un genre de branche, de palme, ou simplement un motif graphique sensé de représenter le mouvement. S’il s’agit d’une palme, cette branche verte représente la régénération, l’ascension, la victoire, donc l’immortalité. Lors de la fête des Rameaux, les palmes préfigurent la Résurrection du Christ. Observons aussi que les poissons suivent tous le même sens, le sens inverse aux aiguilles d’une montre, celui des processions rituelles autour de l’église, vers l’Est en sortant par ses portes, vers le lever du « soleil ».
Encore un mot quant aux poissons : si le poisson se trouve sur un plat, il représente l’eucharistie. Aux catacombes il devient l’image du Christ. Dans ces mêmes catacombes, accompagné par le mot IXTUS signifiant poisson, il dévoile les initiales de Jesu Xristus Theou Uios Sôter, autrement dit Jésus Christ Fils de Dieu Sauveur. À part cela, le Christ choisit les premiers apôtres parmi des pêcheurs, l’Évangile parle de la pêche miraculeuse, de la multiplication des pains et poissons, le Christ ressuscité en a même mangé. (Luc 24,42) Il devient le symbole du repas eucharistique et figure à côté du pain. D’autant plus lorsqu’il se trouve sur un diskos !
Pour finir avec cette dernière enceinte, l’image du « fleuve » d’eau et de sang qui s’est écoulé du flanc du Christ me vient à l’esprit. Serait-ce là l’explication des flammes étranges inscrites dans des ronds, qui se trouvent parmi les poissons ? Ce serait ainsi l’explication de ce « bas monde », le Cosmos, sanctifié par l’incarnation et la passion du Christ, comme s’il était lavé dans le « fleuve » écoulé de sa plaie sur la croix. L’hymnographie de l’Église y fait allusion. *[iv]
Le cygne est devenu symbole christique non pas à cause de l’élégance et la pureté de ses lignes, mais surtout à cause de son « dernier chant », avant la mort, le célèbre chant du cygne. Il le met en relation avec les dernières paroles prononcées par le Christ sur la croix. S’il s’agit d’oies, elles étaient pour les Celtes, comme les cygnes d’ailleurs, des messagères du monde spirituel.
Il reste encore un petit détail : la bande où figurent les oiseaux. Elle sépare la seconde enceinte de la Jérusalem Céleste. Ce sont d’abord des oiseaux, mais ma connaissance de ce que peut être la maladresse artistique d’un artisan-graveur me dit qu’il dessinerait bien autrement une colombe. La longueur du cou indique que ce sont des cygnes ou des oies. Le cygne est devenu symbole christique non pas uniquement à cause de l’élégance et la pureté de ses lignes, mais surtout à cause de son « dernier chant », avant la mort, le célèbre chant du cygne. Ce chant le met en relation avec les dernières paroles prononcées par le Christ sur la croix. Dans le cas où ces oiseaux seraient des oies, on se rappellera que les oies étaient pour les Celtes – comme les cygnes d’ailleurs – des messagères du monde spirituel. Ce peut aussi être un symbole hérité du monde grec, représentant l’innocence, la candeur, la pureté, mais aussi une initiation à travers les embûches de l’existence. *[v] Quoi qu’il en soit, nous sommes devant un symbole d’oiseau qui, dans l’héraldique « volatile », touché par la lumière, peut s’avancer sur le chemin de l’initiation. Je pense que dans ce cas précis, les « volatiles » signifient l’âme, car c’est elle qui peut traverser la limite séparant le matériel de l’immatériel.
Mircea Milcovitch
8 février 2011
[i] Symbole chrétien primitif, représenté le plus souvent sous une forme carrée, les trois enceintes reliées par la croix qui les traverse.
[ii] Cf. Petit dictionnaire des symboles, Brepols 1992
[iii] Traduction littérale hébraïque : « Puissance-contingente-d’être dans-une-puissance-d’être », traduit par les hellénistes par « indivisible et décomposée », et par Saint Jérôme « inanis et vacua ». (Fabre d’Olivet, Cosmogonie de Moïse, in « La langue hébraïque restituée » Ed. L’Age d’Homme, 1975.
[iv] Après ce que Constantin donna la paix à l’Église (l’an 313), les théologiens se posèrent justement la question de savoir quelle serait, dans le Cosmos universel, la portée de l’effusion du sang divin répandu sur le monde. L’Église latine connait le « Pangue lingua » de saint Fortunat (VIe siècle), entré dans la liturgie de Vendredi-Saint, devenu célèbre par les musiques qui y ont été composées.
[v] Voir le Jeu de l’Oie.
[1] Symbole chrétien primitif, représenté le plus souvent sous une forme carrée, les trois enceintes reliées par la croix qui les traverse.
[1] Cf. Petit dictionnaire des symboles, Brepols 1992
[1] Traduction littérale hébraïque : « Puissance-contingente-d’être dans-une-puissance-d’être », traduit par les hellénistes par « indivisible et décomposée », et par Saint Jérôme « inanis et vacua ». (Fabre d’Olivet, Cosmogonie de Moïse, in « La langue hébraïque restituée » Ed. L’Age d’Homme, 1975.
[1] Après ce que Constantin donna la paix à l’Église (l’an 313), les théologiens se posèrent justement la question de savoir quelle serait, dans le Cosmos universel, la portée de l’effusion du sang divin répandu sur le monde. L’Église latine connait le « Pangue lingua » de saint Fortunat (VIe siècle), entré dans la liturgie de Vendredi-Saint, devenu célèbre par les musiques qui y ont été composées.
[1] Voir le Jeu de l’Oie.
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The PATEN or DISKOS is used to hold Eucharistic bread which is to be consecrated. It is generally used during the service itself, while the reserved hosts are stored in the Tabernacle in a ciborium.
The General Instruction of the Roman Missal lays down rules for patens:
“…should be made from solid materials which are considered suitable in each region. The conference of bishops will be the judge in this matter. Materials which do not break or deteriorate easily are to be given preference.“
It is clear that patens and chalices do not have to be made of precious metal. Although this does not appear to rule out a material such as crystal, it would be considered unsuitable, whereas something such as ebony would be thought appropriate, and the use of a paten large enough for all is commended
In the Eastern Orthodox and Greek-Catholic Churches, the Paten is called a diskos. The diskos is usually more ornate than its Latin-Rite counterpart, and must always be made of gold or at least be gold-plated. The diskos may be engraved with an icon of Jesus Christ, the Nativity of Christ, a cross, or more frequently, an icon of the Theotokos. For Christians of the East the diskos symbolises the Virgin Mary, who received Christ into her womb, and gave him birth; and also the Tomb of Christ which received his body after the Crucifixion, and from which he resurrected. During the Divine Liturgy it is not only the Lamb (Host) that is placed on the diskos, but also particles to commemorate the Theotokos, the Saints, the living and the departed. Thus, on the diskos is represented the entire Church: the Church Militant and the Church Triumphant, arrayed around Christ. During the Consecration of a Church, a diskos is used to hold the relics of the saints which will be sealed in the Holy Table and antimension by the bishop.
In the usage of the Coptic Orthodox Church, the diskos usually has a flat bottom with no foot. Additionally, it has a raised edge, forming a relatively high rim, preventing particles of the offered elements from falling to the floor.
Description of the Diskos:
Jerusalem 1809, Cathedral Church of the Holy Sepulchre, Russian Orthodox Diskos engraved on copper –
(0verall dimension – 36 inches/84 cms diametre)
Central field – 10 inches/25 cms diametre
Concentric border – 10 inches/25 cms diametre
Outer decorative border with Fish and elevated decorative lip – 3cms/2.25 inches
The copper intaglio picture central to the Diskos represents the Church of the Holy Sepilchre Jerusalem 1809 which is the date of its re-consecration after the restoration following the great fire.
NOTE the main access open next to the one to its left which is walled in. On the second register, above the entrance is a large incense burner flanked by twelve smaller incense burners, six on either side, representing the Apostles.