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Nina Arbore (1889 – 1942): Les femmes roumaines peintre (extrait de “La Blouse Roumaine”)

February 23rd, 2013 · No Comments · Books, Diaspora, PEOPLE, quotations, Translations, Uncategorized

Nina Arbore - Doua surori (1925)

Nina Arbore – Doua surori (1925)

Nina Arbore
8 janvier 1889, Bucarest, 7 mars 1942, Bucarest

Peintre, spécialiste de fresques murales, féministe, élève d’Henri Matisse

C :
« Pourquoi j’ai créé un salon comme celui-là ? Il ne s’agit pas d’un mouvement féministe mais artistique. Les femmes talentueuses sont difficilement acceptées, où que ce soit. Même le Arta Românà les expose à contre cœur. C’est pour cela que j’ai lancé ce salon, où les femmes douées peuvent montrer leur travail sans rencontrer les difficultés liées aux expositions personnelles. Il est indéniable que ce Salon des femmes a permis à de jeunes talents de se faire connaître. »
Nina Arbore, interview à la presse, 1927.

Nina Arbore - selfportrait

Nina Arbore – selfportrait

Biographie :
Nina Arbore est née à Bucarest. Elle est la fille de Zamfir Arbore. Ce dernier militait en faveur de l’émancipation de la Bessarabie. C’est peut-être sous son influence que sa fille a suivi la tradition paternelle de la liberté d’expression dans son art, tout d’abord comme une artiste d’avant-garde, puis en prenant la défense des intérêts des femmes artistes en Roumanie. Nina Arbore a lancé en 1916 le Salon des femmes roumaines peintres et sculpteurs, qui s’est tenu de 1916 à 1927 sous le parrainage de la famille royale. Tout en prenant part à de nombreuses expositions de peintres modernes roumaines, elle a aussi laissé sa marque en tant qu’artiste, en réalisant de monumentales fresques religieuses. Parmi ces dernières, on retiendra l’intérieur de la paroisse de St. Élie, à Sinaia, dans les Carpates. Elle termina cette commande en 1941. On se souviendra aussi des ‘Saints empereurs Constantin et Hélène, à Constanta, sur la côte de la Mer noire (œuvre de 1934).
Arbore a été l’élève de Matisse, à l’école qu’il fonda en 1907.
Elle figure au Musée national roumain d’Art du 20ème siècle, et dans des collections privées. Il est malgré tout intéressant de remarquer que la reconnaissance de Nina Arbore en tant qu’artiste de poids dans la période de l’entre deux guerres est inexistante dans les monographies d’art majeures de l’ère Ceausescu : elle n’est pas mentionnée dans l’opus en deux volumes de Vasile Florea sur l’art roumain (Meridiane, 1984) ou dans le catalogue sur la rétrospective de premier plan consacrée à la peinture roumaine (1800-1940). Le fait qu’elle apparaisse dans le volume « Peintres roumains » (Meridiane, 1977) est seulement dû au portrait que le célèbre Stefan Luchian (1868-1916) a fait d’elle. Cet ‘oubli’ est tout autant le résultat d’une interprétation erronée en Roumanie de la valeur des peintres femmes du pays, que d’un choix idéologique, car Nina Arbore a commis le péché cardinal d’avoir apprécié le patronage royal, d’avoir étudié à Paris, d’être la fille d’un patriote de Bessarabie, de peindre des fresques religieuses à l’heure où la religion était considérée comme ‘l’opium du peuple’. Histoire de compliquer un peu plus les choses, la famille Arbore avait des accointances politiques regrettables, ce qui ne passa pas inaperçu dans la Roumanie communiste : la sœur de Nina, Ecaterina Arbore (1873 – 1937), a été condamnée à mort par Staline, en tant que communiste de l’ancien temps et compagne de voyage d’Ana Pauker. Marcel Pauker a subi la même sentence en même temps qu’elle : en effet, Ecaterina a été exécutée en 1937. La propre vision du socialisme de la famille Arbore remonte à bien plus loin, puisque le père, Zamfir Arbore, était lié aux Anarchistes, ce qui n’était pas particulièrement le genre de communisme qui rencontrait les faveurs de Ceausescu. La politique a donc jeté une ombre démesurée sur l’histoire de l’art dans la Roumanie d’après-guerre, d’où l’amnésie programmée sur la contribution de Nina Arbore à la peinture roumaine.
La reconnaissance du destin de Nina Arbore en tant qu’artiste est entièrement due aux recherches menées par Ioana Vlasiu, avec l’aide du Musée Getty de Californie, recherches centrées sur le mouvement moderne roumain.
Ioana Vlasiu (correspondance personnelle, décembre 2002) mentionne l’existence d’un portrait de Nina Arbore peint par Matisse, qui se trouvait dans la collection Shtchukin, à Moscou. Comme Arbore fréquentait l’atelier de Matisse dans les années 1910-1911, moment le plus probable où ce portrait a pu être peint, il est possible que Shtchukin ait pu l’acquérir : le collectionneur russe a fait de nombreux voyages à Paris avant la révolution russe afin d’acheter des tableaux. Finalement, sa collection a été nationalisée par Lénine. Si ce tableau existe toujours, il montre peut-être pour la première fois qu’une muse roumaine (dans une blouse roumaine ?) s’est assise face à Matisse en 1910, et que cette muse était Nina Arbore.

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I c o n o g r a p hie :
H e n r i M a t i s s e , P o r t r a i t de N i n a A r b o r e , Collection S h t c h u k i n ( ? ) , M o s c o u
S t e f a n L u c h i a n , P o r t r a i t de N i n a A r b o r e , R o m a n i a n N a t i o n a l G a l l e r y , B u c a r e s t
C a m i l R e s s u , P o r t r a i t de N i n a A r b o r e ,

Sources principales :
C o m à r n e s c u , P e t r u , V o r o a v a l i n i i l o r a dâ n c i . D e v o r b à c u D r a N i n a A r b o r e , R a m p a , B u c a r e s t , 2 0 M a r s 1 9 2 7
C a t a l o g u l A p a t r a e x p o z i t i e a a r t i s t e l o r p i c t o r i s i s c u l p t o r i . P a l a t u l A t e n e u l u i , B u c a r e s t , 1 9 2 5 . C a t a l o g u l A 5 – a e x p o z i t i e a a r t i s t i l o r p i c t o r i s i s c u l p t o r i . 3 i a n u a r i e – 1 f e b r u a r i e 1 9 2 6 , S a l a M o z a r t , B u c a r e s t
C a t a l o g u e o f t h e C a b i n e t u l d e s t a m p e a l M u z e u l u i N a t i o n a l d e A r t à d i n B u c u r e s t i , ( 2 0 dessins et gravures )

Autres S o u r c e s :
M a t e e s c u , E l e n a , P i c t u r a s i g r a f i c a N i n e i A r b o r e î n c o n t e x t u l a r t e i r o m à n e s t i d i n p e r i o a d a i n t e r b e l i c à , î n S C I A , S e r i a A r t a p l a s t i c aâ, T . 2 3 , p . 1 0 3 – 1 3 3 , B u c a r e s t , 1 9 7 6
P . R . , A r t a r o m â n e a s c à î n A m e r i c a : N i n a A r b o r e s i O l g a G r e c e a n u , î n : D i m i n e a t a , B u c a r e s t , 1 4 S e p tembre 1 9 2 3.
P a v e l , A m e l i a , N i n a A r b o r e , i n : S a u r A l l g e m e i n e s K u n s t l e r l e x i k o n
V l a s i u , I o a n a , A n i i 2 0 T r a d i t i a s i P i c t u r a R o m â n e a s c à , B i b l i o t e c a d e A r t à s e r i e s , E d . M e r i d i a n e , B u c a r e s t , 2 0 0 0
– – – , correspondances par emails, personnelles , juillet 2 0 0 2

– – – , correspondances par emails, personnelles , juillet 2 0 0 2

Adresses Internet :
Stefan Vasiliu, Pr., ‘Istoricul parohiei si bisericii “Sf. Ilie Tesviteanul din Sinaia, Prahova’, Buletinul ‘Calea de luminà’, AN VI, nr. 63 – 64, Iulie – August, 1999: http://www.allwebconcept.com/eglise/docu_63_64_1999.htm
Consideratii asupra miscarii de Avangarda in Plastica Româneascà: http://www.ici.ro/Romania/culture/p_pict2.html
Ioana Vlasiu, ‘Feminism si Modernitate in arta româneascà la inceput de secol: expozitiile artistelor pictori si sculptori, 1916-1927’
http://www.icca.ro/artelier/nr5/ioana_vlasiu.html

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